Les housses "usine" (?)
, par le Dr Danche

Dans les années d'après guerre, beaucoup de ceux qui avaient connu les privations avaient gardé la culture de prendre soin de ses affaires, et les voitures n'échappaeint pas à cette règle: elles faisaient partie du patrimoine de leur propriétaire, et on les préservait.

On installait donc, très souvent, des housses pour protéger les sièges.

Des housses sur mesure, proposées par différents fabricants. Ou au pire, des plaids.

Les plaids, ils finissaient pas glisser et quand la voiture vieillissait, ils ne protègeaient plus grand chose, sentaient fort, et finissaient par être virés...

Mais les housses! Ca c'était quelque chose! Du construit pour durer!
Et elles protégaient même les panneaux de portes, les accoudoirs, tout!

C'est pourquoi, quand on a la chance d'acheter de nos jours une voiture avec son intérieur encore sous housses, on peut faire de ces découvertes qui vous font bondir le coeur: on peut mettre à jour un intérieur flambant neuf.

Regardez donc plutôt celui-ci en Helanca bleu ciel (tissu pour ID Luxe 1958).

Ou cette ID toute rouillée mais que je me verrais bien acheter juste pour son intérieur!

Et puis....

Et puis il existe un cas particulier.

Un cas que j'ai décider de classer dans mes Mystères de la DS.

Il s'agit de housses transparentes.

Plusieurs m'en ont parlé comme de protections usine, et c'est vrai qu'à l'inverse des housses précédentes, on ne les retrouve de nos jours que sur des voitures très peu kilométrées.

On a l'impression d'être toujours dans un cas du genre: le premier propriétaire est mort avant d'avoir eu le temps de les enlever.

En voici quelques exemples.

Une DSuper 1974

Un break ID 21 1969 resté houssé seulement sur la banquette arrière: là, on peut supposer sur ce cas là que le break a du être utilisé en permanence banquette rabattue.

un break ID 1962, houssé sur les sièges mais pas les panneaux de potes (pas de chance!)

Une ID 1959.

Une DS d'Août 1959 dont on sent que le premier propriétaire était soigneux.

Et une ID 1961 du musée Fradet, qui a ces housses transparentes partout, mais des housses en helanca marron sur les sièges avant. La voiture étant neuve d'origine (9 000km), on peut émettre l'hypothèse que la voiture a été livrée ainsi, donc un choix différent de celui fait sur la DS 59 juste au dessus.

Vraiment, ça me semble très plausible que ces housses transparentes étaient installées dès l'usine, mais j'aurais tendance à les imaginer plutôt comme des protections provisoires pour les premiers temps de l'utilisation.

En effet elle ne me font pas l'impression d'être pensées pour durer des années: elles jaunissent au soleil et, objectivement, leur aspect n'est pas bien ragoûtant: on n'a pas des masses envie de s'assoir dessus.

Mais si vraiment c'était une option usine, combien coutait-elle? Et pourquoi ne la trouve-t-on pas au tarif?

Une piste s'ouvre avec le bon d'achat de cette DSuper ayant encore ces housses, car on y lit "Transport", pour 600F. On est donc bien dans le cas d'une voiture qui a du être apatriée.

Peut-être que l'option de "coconnage", dont nous avions déjà vu la mention et l'explication ici comprenait aussi ces housses, qui, après tout, sont bien un "cocon"?

Mais j'y pense, peut-être as-tu, toi, lecteur, un souvenir, ou un document sur le sujet que tu vas pouvoir m'envoyer?

Ou peut-être es-tu, toi, lecteur, un ancien de Citroën qui va pouvoir m'expliquer ce mystère?

Au cas où, lecteur, je te rappelle mon adresse: docteurdanche@orange.fr

 

A toutes fins utiles, voici l'avis éclairé d'Henri Fradet

Question que je me suis posée il y a une vingtaine d'années et que j'ai posé à bon nombre d'agents et concessionnaires de l'époque. La plupart ne savaient pas, mais la réponse de ceux qui savaient, forts de leur expérience, a toujours été la suivante :

1. Les housses n'étaient jamais faites et montées par l'usine.

2. Quand le client commandait l'auto, il lui était proposé ces housses très à la mode dès la fin des années 50.

3. A la reception de l'auto, l'agent faisait housser les sièges par un sellier attitré. 

Le travail était ardu du fait de l'épaisseur du plastique, plus de 1 mm d'épaisseur. Mr Belle ancien sellier de Saint-Etienne m'avait indiqué avoir cassé plusieurs aiguilles.

Mon ami agent Citroën de Saint-Chamond de 1957 à 1986 m'a confirmé avoir proposé ces housses aux clients "soigneux" au moment de la commande. Sa femme ou lui allait chercher l'auto à Javel et l'emmenait à un sellier du coin avant la livraison.

Je suis persuadé que si Citroën avait pris en charge ce chantier, elle se serait fait fort de mettre en avant cette option ,ayant présenté via la publicité les options et autres points forts. Or, rien ne parait dans aucune des brochures de toute de la gamme. Ces housses ont été très à la mode après la guerre, elles coutaient cher, si le client la prenait, c'était bien souvent dans l'esprit de préserver les sièges jusqu'à la revente de l'auto. Et s'il s'agissait de protéger les sièges uniquement durant le transport, quelle dépense ! 

Quant au mot "Transport", c'est le transport et rien que ça ! A l'époque on montait à Paris chercher son auto. Et si on la voulait livré chez son agent, on payait le transport.

Si ces housses présentaient peu d'avantage à l'époque (froides l'hiver, chaudes l'été), le point positif est qu'on retrouve dessous une sellerie intacte. Sauf si les mites s'y sont installées !

Et Citroën n'était pas le seul à proposer ces housses cristal...

Et enfin, Thierry m'a signalé la découverte de cette étiquette quand il a ôté les housses de sa DS61. Ca ressemble à un contrôle qualité de la mise en place de la housse cristal? Auquel cas ça laisserait penser à un travail fait à l'usine plutôt que chez le sellier du coin... Comment être sûr!